Préservation de la fertilité féminine
Du fait de leur rareté et de la complexité à congeler correctement les ovocytes, la préservation de fertilité féminine reste assez récente avec un déploiement au cours des années 2010. Dorénavant les ovocytes humains peuvent être congelés et garder leur capacité fécondante pendant de nombreuses années.
Contexte de la préservation féminine
La préservation de la fertilité s'entend dès qu'une pathologie, un traitement ou même l'âge viennent menacer la fertilité. En fonction de l'âge de la patiente et de l'indication, différents protocoles sont réalisables.
Autoconservation dans le cadre médical
Toutes les patientes devant recourir à une chimio ou une radiothérapie risquant de porter atteinte à leur fertilité doivent se voir proposer une préservation de la fertilité dans un centre agréé.
Les patientes qui vont subir une intervention chirurgicale sur les ovaires (résection de kyste, endométriose) peuvent également bénéficier d'une autoconservation.
La conservation des ovocytes doit être réalisée en urgence avant l'introduction de la chimiothérapie. Une fois le traitement démarré, il ne sera plus possible de conserver les gamètes qui auront été au contact de ces traitements qui peuvent altérer l'intégrité de l'ADN des ovocytes. Une fois la chimiothérapie débutée, il est toutefois possible de congeler du cortex d'ovaire.
Lors de la chimiothérapie, une contraception est obligatoire du fait des effets tératogène des molécules sur le fœtus en développement.
Une grossesse spontanée est déconseillée dans les 18-24 mois qui suivent l'arrêt de la chimiothérapie du fait de l'altération potentielle des ovocytes après le traitement. L'utilisation des ovocytes congelés en amont du traitement ne sera possible qu'après accord de grossesse de l'oncologue référent.
Il est possible de réaliser un nouveau bilan de fertilité (évaluation de la réserve ovarienne) à distance du traitement (au moins 6 mois) pour évaluer l'impact des traitements sur la réserve ovarienne.
Autoconservation dans le cadre de l'AMP
Dans le cadre des techniques d'AMP, nous pouvons être amenés à proposer une autoconservation d'ovocytes dans les situations suivantes :
Altération sévère de la réserve ovarienne, pathologie chez le conjoint nécessitant de décaler la prise en charge…
Autoconservation dans le cadre sociétal
Depuis le 02/08/2021, il est possible de demander la congélation de ses ovocytes sans motif médical entre 29 et 36 ans du fait d'une baisse de potentiel de grossesse des ovocytes à partir de 37 ans.
Modalités de conservation
La préservation est réalisable après RDV avec un gynécologue spécialisé du centre d'AMP. D'autres consultations sont souvent nécessaires : biologistes, chirurgien, anesthésiste, sage-femme... Il est possible d'avoir un RDV en urgence du lundi au vendredi. Un bilan hormonal, une échographie ainsi que des sérologies (VHB, VHC, VIH, syphilis) de moins de 3 mois seront nécessaires.
Un consentement écrit sera signé et conservé. Nous ferons des photocopies des papiers d'identités.
Différentes techniques sont possibles :
Vitrification d'ovocytes matures
Actuellement nous utilisons pour la "congélation par vitrification" pour les ovocytes. Cette technique de congélation immédiate est autorisée en France depuis 2011.
La technique peut être proposée aux patientes pubères, quel que soit leur état marital.
Le prélèvement
Il fait suite à une stimulation ovarienne.
Le prélèvement est réalisé au bloc opératoire sous anestéhsie locale par voie vaginale.
La congélation
Pour la vitrification d'ovocytes : les ovocytes sont isolés du liquide folliculaire au laboratoire. Ils vont ensuite être plongés dans différents bains de milieu protecteur pour la congélation puis, conditionnés en paillettes, ils vont être soumis à une congélation instantanée à -196°C.
La conservation
Les ovocytes se conservent plusieurs années dans l'azote liquide. La patiente recevra un courrier de relance annuel pour savoir si elle désire poursuivre (ou non) la conservation de ses paillettes.
Les frais de conservation (40€/an) sont couverts par la sécurité sociale pour une cause médicale mais sont à la charge de la patiente pour un motif sociétal.
L'utilisation
Les ovocytes pourront être décongelés avant d'être fécondés par ICSI dans le cadre d'une démarche d'AMP. Pour que le transfert des embryons obtenus soit possible, une stimulation sera également nécessaire. Par décret, l'âge maximal d'utilisation est fixé à 44 ans (veille des 45 ans).
Le prélèvement ne pourra être restitué qu'à la patiente en personne. La loi n'autorise actuellement pas l'utilisation par le conjoint des prélèvements en cas d'éventuel décès de la patiente.
Congélation de cortex ovarien
Cette technique est proposée dans le cadre de la préservation de la fertilité féminine depuis les années 1990. Elle est indiquée dans "les cas où la fertilité de la femme peut être prématurément altérée" comme dans le cadre d'un traitement par chimio/radiothérapie ou chirurgie à risque.
La technique consiste à prélever du tissu ovarien lors d'une opération par cœlioscopie au bloc opératoire. Ce prélèvement (ovaire entier ou partiel) est transféré dans un laboratoire agréé où il sera préparé en fines lamelles et mis en contact avec des agents cryoprotecteurs.
Le tissu ovarien est ensuite soumis à une congélation lente à -196°C puis conservé dans l'azote liquide dans des ampoules spécifiques jusqu'à ce que la patiente souhaite leur utilisation.
A distance de la pathologie initiale et après décongélation, le tissu ovarien décongelé pourra être greffé (le plus souvent dans les fossettes ovariennes). Si la greffe est fonctionnelle, des chances de grossese spontanée existent. Sinon on tentera une stimulation pour récupérer des ovocytes et proposer une ICSI. La greffe permet néanmoins d'envisager une récupération de la fonction hormonale évitant ainsi un traitement hormonal substitutif en cas de ménopause précoce.
Par décret, l'âge maximal d'utilisation est fixé à 44 ans (veille des 45 ans) en cas de greffe à visée procréative ou 49 ans (veille des 50 ans) en cas de greffe à visée hormonale.